Les ex 1s1 de Matisse Le forum de notre ancienne classe |
| | Textes vierges à copier coller sur un doc Word puis à imprim | |
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La présentation vous convient-elle ??? | Oui | | 75% | [ 3 ] | Non | | 25% | [ 1 ] | Oui, d'ailleurs j'aimerai les textes d'autres séquences (à préciser) | | 0% | [ 0 ] |
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Fï Gouteuse de champagne
Nombre de messages : 36 Age : 33 Loisirs : CONDUIREEEEEEEE Date d'inscription : 15/02/2007
| Sujet: Textes vierges à copier coller sur un doc Word puis à imprim Dim 27 Mai - 13:15 | |
| Alors voilà, je suis en pleine préparation de mon classeur pour l'oral donc je vais en profiter pour laisser ici quelques textes pour ceux qui ne les auraient pas. Il suffira juste de les copier coller sur un word et à la rigueur de diviser la page en deux colonnes : l'une avec le texte (plutot grande) et l'autre avec les numéros de lignes. Normalement il n'y a pas de fautes d'orthographes mais si vous ne voyez DITES LE. Pour que je puisse corriger. MErci Voila donc le premier : Objet d'étude 4 : POESIESéquence 6 : Poésie et expression personnelle des sentiments L.A. : BAUDELAIRE "Spleen" Les Fleurs du malQuand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l’horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l’Espérance, comme une chauve-souris, S’en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées D’une vaste prison imite les barreaux, Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir, Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. RIMBAUD "Roman" On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière. Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière...
II
- Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche ... Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite, là, comme une petite bête...
III
Le cœur fou robinsonne à travers les romans, - Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux-col effrayant de son père... Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
IV
Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets La font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire!... Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade... - On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade. Les docs complémentaires de la séquence 6 : BAUDELAIRE "L'Albatros" Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. BAUDELAIRE L'Ennemi, Les Fleurs du mal Ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage, Traversé çà et là par de brillants soleils ; Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage, Qu’il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils. Voilà que j’ai touché l’automne des idées, Et qu’il faut employer la pelle et les râteaux Pour rassembler à neuf les terres inondées, Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux. Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve Trouveront dans ce sol lavé comme une grève Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? – O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie, Et l’obscur Ennemi qui nous ronge le coeur Du sang que nous perdons croît et se fortifie ! BAUDELAIRE La cloche felee, Les Fleurs du mal II est amer et doux, pendant les nuits d’hiver, D’écouter, près du feu qui palpite et qui fume, Les souvenirs lointains lentement s’élever Au bruit des carillons qui chantent dans la brume. Bienheureuse la cloche au gosier vigoureux Qui, malgré sa vieillesse, alerte et bien portante, Jette fidèlement son cri religieux, Ainsi qu’un vieux soldat qui veille sous la tente ! Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu’en ses ennuis Elle veut de ses chants peupler l’air froid des nuits, II arrive souvent que sa voix affaiblie Semble le râle épais d’un blessé qu’on oublie Au bord d’un lac de sang, sous un grand tas de morts Et qui meurt, sans bouger, dans d’immenses efforts. BAUDELAIRE L'Invitation au voyage, Les Fleurs du Mal Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. BAUDELAIRE Le Port, Le Spleen de Paris Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L’ampleur du ciel, l’architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l’âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n’a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s’enrichir. BAUDELAIRE Les fenetres, Le Spleen de Paris Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par-delà des vagues de toits, j’aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c’eût été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même. Peut-être me direz-vous: « Es-tu sûr que cette légende soit vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ? Arthur Rimbaud Ma Boheme Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal : J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! Là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou. − Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. − Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! Arthur Rimbaud Le bateau ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l'œil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures, L'eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d'astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l'assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces, Et des lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. − Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d'azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : − Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles, Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. O que ma quille éclate ! O que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Pour les Poètes de sept ans, j'ai scanné le texte qui est en deux parties : pour la première partie, bien sur elle est trop "imposante", ça ne passe pas dc m'envoyer un mail à fiona.plume@free.fr pour que je vous l'envoie voila pour la deuxieme partie : https://i.servimg.com/u/f15/11/29/27/32/les_po10.jpgPour à la musique de Rimbaud : https://i.servimg.com/u/f15/11/29/27/32/a_la_m10.jpgVOilà, c'est fini pour la séquence6 Séquence 7 cet aprèm
Dernière édition par le Lun 28 Mai - 15:35, édité 2 fois | |
| | | Fï Gouteuse de champagne
Nombre de messages : 36 Age : 33 Loisirs : CONDUIREEEEEEEE Date d'inscription : 15/02/2007
| Sujet: Re: Textes vierges à copier coller sur un doc Word puis à imprim Lun 28 Mai - 15:05 | |
| La suite. Objet d'étude 4 : POESIESéquence 7 : Poésie et modernité L.A. : APOLLINAIRE La chanson du mal aimé (9 premiers quintils) A paul Leautaud
Et je chantais cette romance En 1903 sans savoir Que mon amour à le semblance Du beau Phénix S'il meurt un soir Le matin voit sa renaissance Un soir de demi-brume à Londres Un voyou qui ressemblait à Mon amour vint à ma rencontre Et le regard qu'il me jeta Me fit baisser les yeux de honte
Je suivis ce mauvais garçon Qui sifflotait mains dans les poches Nous semblions entre les maisons Onde ouverte de la Mer Rouge Lui les Hébreux moi Pharaon
Que tombent ces vagues de briques Si tu ne fus pas bien aimée Je suis le souverain d'Égypte Sa soeur-épouse son armée Si tu n'es pas l'amour unique
Au tournant d'une rue brûlant De tous les feux de ses façades Plaies du brouillard sanguinolent Où se lamentaient les façades Une femme lui ressemblant
C'était son regard d'inhumaine La cicatrice à son cou nu Sortit saoule d'une taverne Au moment où je reconnus La fausseté de l'amour même
Lorsqu'il fut de retour enfin Dans sa patrie le sage Ulysse Son vieux chien de lui se souvint Près d'un tapis de haute lisse Sa femme attendait qu'il revînt
L'époux royal de Sacontale Las de vaincre se réjouit Quand il la retrouva plus pâle D'attente et d'amour yeux pâlis Caressant sa gazelle mâle
J'ai pensé à ces rois heureux Lorsque le faux amour et celle Dont je suis encore amoureux Heurtant leurs ombres infidèles Me rendirent si malheureux
Regrets sur quoi l'enfer se fonde Qu'un ciel d'oubli s'ouvre à mes voeux Pour son baiser les rois du monde Seraient morts les pauvres fameux Pour elle eussent vendu leur ombre
Le pain, Francis PONGE La surface du pain est merveilleuse d’abord à cause de cette impression quasi panoramique qu’elle donne : comme si l’on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l’on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable… Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation. Le Parti-pris des choses, 1942
Lectures cursives : *CENDRARS OpOetic http://fr.wikisource.org/wiki/OpOetic
à Jean COctO
quels crimes ne cOmmet-On pas en tOn nOm !
Il y avait une fOis des pOètes qui parlaient la bOuche en rOnd ROnds de saucissOn ses beaux yeux et fum éeLes cheveux d’Ophélie Ou celle parfum éeD’Orph éeTu rOtes des rOnds de chapeau pOur trOuver une rime en ée- aiguë cOmme des dents qui grignOteraient tes vers BOuche b éePuisque tu fumes pOurquOi ne répètes-tu fum éeC’est trOp facile Ou c’est trOp difficile Les 7 PiOns et les Dames sOnt là pOur les virgules Oh POE sie Ah ! Oh ! CacaO Puisque tu prends le tram pOurquOi n’écris-tu pas tram- w éeVOis la grimace écrite de ce mOt bien franc éeLe clOwn anglais la fait avec ses jambes COmme l’AmOur l’Arétin L’Esprit jalOuse l’affiche du cirque et les pOstures alphabé- tiques de l’hOmme-serpent Où sOnt les pOètes qui parlent la bOuche en rOnd ? Il faut leur assOuplir les O s. z h enfant POESIE
*APOLLINAIRE Calligrammes "Coeur couronne miroir" cf lien (c'est une image que j'ai trouvé sur le net) https://i.servimg.com/u/f15/11/29/27/32/apolli10.jpg*Avenue du Maine Max JACOB Dans celui là il y avait des fautes que j'ai corrigé normalement mais soyez attentifs des fois que... Les manèges déménagent. Manèges, ménageries, où ?. . . et pour quels voyages ? Moi qui suis en ménage Depuis . . . ah ! il y a bel âge ! De vous goûter, manèges, Je n’ai plus . . . que n’ai-je ?. . . L’âge. Les manèges déménagent. Ménager manager De l’avenue du Maine Qui ton ménage mène Pour mener ton ménage !
Ménage ton ménage Manège ton manège. Ménage ton manège. Manège ton ménage. Mets des ménagements Au déménagement. Les manèges déménagent, Ah ! vers quels mirages ? Dites pour quels voyages Les manèges déménagent. Les Oeuvres burlesques et mystiques de frère Matorel, (1912) *Cortege, PREVERT Un vieillard en or avec une montre en deuil Une reine de peine avec un homme d’Angleterre Et des travailleurs de la paix avec des gardiens de la mer Un hussard de la farce avec un dindon de la mort Un serpent à café avec un moulin à lunettes Un chasseur de corde avec un danseur de têtes Un maréchal d’écume avec une pipe en retraite Un chiard en habit noir avec un gentleman au maillot Un compositeur de potence avec un gibier de musique Un ramasseur de conscience avec un directeur de mégots Un repasseur de Coligny avec un amiral de ciseaux Une petite sœur du Bengale avec un tigre de Saint-Vincent-de-Paul Un professeur de porcelaine avec un raccomodateur de philosophie Un contrôleur de la Table Ronde avec des chevaliers de la Compagnie du Gaz de Paris Un canard à Sainte-Hélène avec un Napoléon à l’orange Un conservateur de Samothrace avec une Victoire de cimetière Un remorqueur de famille nombreuse avec un père de haute mer Un membre de la prostate avec une hypertrophie de l’Académie française Un gros cheval in partibus avec un grand évêque de cirque Un contrôleur à la croix de bois avec un petit chanteur d’autobus Un chirurgien terrible avec un enfant dentiste Et le général des huîtres avec un ouvreur de Jésuites. Paroles, (1946) *Le Grand Combat, Henri MICHAUX A R.-M. Hermant Il l'emparouille et l'endosque contre terre ; Il le rague et le roupéte jusqu'à son drâle ; Il le pratéle et le libucque et lui baroufle les ouillais ; Il le tocarde et le marmine, Le manage rape à ri et ripe à ra. Enfin il l'écorcobalisse.
L'autre hésite, s'espudrine, se défaisse, se torse et se ruine. C'en sera bientôt fini de lui ; Il se reprise et s'emmargine... mais en vain Le cerveau tombe qui a tant roulé. Abrah ! Abrah ! Abrah ! Le pied a failli ! Le bras a cassé ! Le sang a coulé ! Fouille, fouille, fouille, Dans la marmite de son ventre est un grand secret. Mégères alentours qui pleurez dans vos mouchoirs ; On s'étonne, on s'étonne, on s'étonne Et on vous regarde, On cherche aussi, nous autres le Grand Secret. Qui je fus, (1927) *Le cageot , Francis PONGE A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie. Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme. A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques, - sur le sort duquel il convient toutefois de ne pas s’appesantir longuement. Le Parti-pris des choses, 1942 *Strophes pour se souvenir, Louis ARAGONVous n'avez réclamé la gloire ni les larmes Ni l'orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servi simplement de vos armes La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L'affiche qui semblait une tache de sang Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos morts pour la france Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre À la fin février pour vos derniers moments Et c'est alors que l'un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erivan1
Un grand soleil d'hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le coeur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée2 ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant 1. Capitale de l'Arménie 2.Mélinée Manouchian, veuve du résistant fusillé. Le Roman inachevé, 1956
*Pour un art poetique, Raymond QUENEAU 1
Un poème c’est bien peu de chose à peine plus qu’un cyclone aux Antilles qu’un typhon dans la mer de Chine un tremblement de terre à Formose
Une inondation du Yang Tse Kiang ça vous noie cent mille Chinois d’un seul coup vlan ça ne fait même pas le sujet d’un poème Bien peu de chose
On s’amuse bien dans notre petit village on va bâtir une nouvelle école on va élire un nouveau maire et changer les jours de marché on était au centre du monde on se trouve maintenant près du fleuve océan qui ronge l’horizon
Un poème c’est bien peu de chose. [...]
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Bon dieu de bon dieu que j'ai envie d'écrire un petit poème Tiens en voilà justement un qui passe Petit petit petit viens ici que je t'enfile sur le fil du collier de mes autres poèmes viens ici que je t'entube dans le comprimé de mes oeuvres complètes viens ici que je t'empapouète et que je t'enrime et que je t'enrythme et que je t'enlyre et que je t'enpégase et que je t'enverse et que je t'enprose
la vache il a foutu le camp [...]
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Ce soir, Si j'écrivais un poème pour la postérité?
fichtre la belle idée
je me sens sûr de moi j'y vas et
à la postérité j'y dis merde et remerde et reremerde
drôlement feintée la postérité qui attendait son poème
ah mais L'Instant fatal, 1948 Voila c'est fini pour la poésie. Les lumières au prochain épisode.
Dernière édition par le Dim 10 Juin - 19:16, édité 3 fois | |
| | | cambrouzZardeuh
Nombre de messages : 73 Age : 33 Localisation : Entre 4 champs Emploi : vendeuse de légumes^^ Loisirs : EquitAti0nneuzZZ' Date d'inscription : 20/10/2006
| Sujet: Re: Textes vierges à copier coller sur un doc Word puis à imprim Mer 30 Mai - 14:21 | |
| wow, c'est super c'que tu vous fait la merci ma Fï | |
| | | Fï Gouteuse de champagne
Nombre de messages : 36 Age : 33 Loisirs : CONDUIREEEEEEEE Date d'inscription : 15/02/2007
| Sujet: Re: Textes vierges à copier coller sur un doc Word puis à imprim Dim 10 Juin - 20:05 | |
| La suite. Objet d'étude 5 : Un mouvement littéraire et culturel : Les LumièresSéquence 8 : Les Lumières Candide, Voltaire
Chapitre VI
COMMENT ON FIT UN BEL AUTO-DA-FÉ POUR EMPÊCHER LES TREMBLEMENTS DE TERRE, ET COMMENT CANDIDE FUT FESSÉ Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé ; il était décidé par l'université de Coïmbre1 que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.On avait en conséquence saisi un Biscayen2 convaincu d'avoir épousé sa commère3, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard4 : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l'un pour avoir parlé, et l'autre pour avoir écouté avec un air d'approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d'une extrême fraîcheur, dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil ; huit jours après ils furent tous deux revêtus d'un san-benito5, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées et de diables qui n'avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon6. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n'avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable.Candide, épouvanté, interdit, éperdu, tout sanglant, tout palpitant, se disait à lui-même : “ Si c'est ici le meilleur des mondes possibles, que sont donc les autres ? Passe encore si je n'étais que fessé, je l'ai été chez les Bulgares. Mais, ô mon cher Pangloss ! le plus grand des philosophes, faut-il vous avoir vu pendre sans que je sache pourquoi ! Ô mon cher anabaptiste, le meilleur des hommes, faut-il que vous ayez été noyé dans le port ! Ô Mlle Cunégonde ! la perle des filles, faut-il qu'on vous ait fendu le ventre ! ” Il s'en retournait, se soutenant à peine, prêché, fessé, absous et béni, lorsqu'une vieille l'aborda et lui dit : “ Mon fils, prenez courage, suivez-moi. ”
Candide, Voltaire
Chapitre XIX
CE QUI LEUR ARRIVA A SURINAM, ET COMMENT CANDIDE FIT CONNAISSANCE AVEC MARTIN [...] En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. “ Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ? -- J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. -- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ? -- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. " Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible. -- Ô Pangloss ! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination ; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme. -- Qu'est-ce qu'optimisme ? disait Cacambo. -- Hélas ! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal. ” Et il versait des larmes en regardant son nègre, et en pleurant il entra dans Surinam. Les docs complémentaires viendront plus tard... | |
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